Les GEM font de la résistance ! L’accueil au public ne peut plus se faire pour l’instant. Alors, partout, on s’organise pour tisser du lien, rester en contact…
Grâce au GEM, on partage, on fraternise, on fait ensemble, on cherche de l’en-commun, on se soutient chaque jour. On n’a pas d’objectifs à atteindre un jour ou l’autre. C’est notre travail et notre engagement à tous, au quotidien. C’est ça l’entraide mutuelle !
Au CNIGEM, pour continuer à vous soutenir, on vous soumet ce qui se fait déjà dans nos GEM ou ailleurs et on vous propose de collecter toutes les idées que vous testez pour en faire profiter le plus grand nombre.
L’entraide de l’entraide en action pour favoriser l’autonomie, l’autodétermination, le « prendre soin » de soi et de l’autre, quelles que soient les « différences », les « opinions », les modes de vie de chacun, parfois même les « originalités ».
Pour nous tous, il ne s’agit pas de prendre en soin ni en charge, pour ça, il y a des professionnels, vers qui on peut orienter quand on pense que cela dépasse nos compétences, nos savoir-faire.
Alors, comment ça se passe chez vous pour les adhérents, salariés, bénévoles, parrains, partenaires… et gestionnaires pour les GEM en cours d’émancipation ?
Nous pourrions par exemple collecter vos idées sous cette forme :
Voilà ce qu’on fait au GEM de … pendant le confinement !
Vous pourriez, si ce n’est déjà le cas, faire des fiches du genre :
« Avez-vous pensé à… ? »
Par exemple :
- recueillir les numéros de téléphone, les adresses mails des personnes fréquentants le GEM ?
- ce qu’il faudrait faire en cas de refus de donner ses coordonnées ?
- demander l’autorisation pour utiliser le téléphone ou le mail et le communiquer à d’autres ?
- orienter vos appels vers tel ou tel acteur du GEM, en fonction des questions que vous avez ?
- relayer les coordonnées de personnes ressources en cas de besoin ?
…
Et pour les nombreux adhérents qui n’ont ni ordinateur ni téléphone et qui se retrouvent seuls chez eux, sans aucun moyen de contact avec les autres, pendant cette période de confinement… Que peut-on imaginer ensemble pour maintenir un lien ?
Dans chaque GEM, on connait nos adhérents. On sait qui est isolé. Et souvent, on sait aussi qui vit près de chez soi. On pourrait, quand c’est possible, lui glisser dans la boîte aux lettres, la nouvelle attestation, avec un petit mot. Pour dire qu’on va faire ses courses à tel endroit, tel jour, histoire de se voir, même de loin, même pour un petit moment, dans le bus ou dans les rayons du magasin… ou partager quelques pas autour de chez soi en respectant les distances et les gestes barrières.
Il ne s’agit pas bien sûr, d’être intrusif, vous l’aurez compris. Il s’agit de veiller, comme on le peut. Et de maintenir cette veille. C’est impérieux !
Déjà, un peu partout en France, des veilles sociales se mettent en place pour garder le lien !
Plusieurs GEM ont organisé une astreinte téléphonique, avec des chaînes d’adhérents qui tissent du lien à partir de chez eux.
Pour faciliter la veille sociale entre adhérent, il est préférable de prévoir un temps d’échange avec les animateurs en fin de journée afin de « délester » les adhérents de ce poids si besoin. En effet, ceux-ci peuvent parfois ressentir une lourde charge émotionnelle, difficile à gérer en cette période de confinement.
Le parrain peut être également un bon interlocuteur. En discuter ensemble afin que tout le monde se mette d’accord et trouve la meilleure manière de fonctionner en ajustant les choses chaque fois que cela s’avère nécessaire.
Lors des appels, il faut tenter de distinguer les inquiétudes, les peurs, les angoisses avec les situations de détresse psychique qu’il vaut mieux réorienter vers les professionnels du soin ou de l’accompagnement…
Nous recevons de nombreuses questions sur le maintien ou non des animateurs de GEM à leur poste (en télétravail ou dans les locaux du GEM, lorsque cela n’est pas possible). Cela reste de la responsabilité de chaque GEM ou de son gestionnaire (en fonction des modes de gouvernances) et le CNIGEM n’a pas vocation à se substituer aux décisions de chacun. Nous sommes là pour vous conseiller et faire en sorte que tout se passe au mieux pour les GEM et leurs adhérents.
Restons solidaires, on a tous à inventer de nouvelles manières de vivre et de faire, de s’entraider !
Le poète Yvon Le Men a ouvert dans le journal Ouest-France une chronique : « Un poème passe… »
Il écrit : « Un poème passe, c’est parce que plus personne, désormais, ne passe frapper à notre porte. Le poème, écrit par un être humain le fera à notre place ».
Voici un de ses poèmes :
La main verte
Ma bibliothèque
n’est pas rangée
par pays
par genres
par noms
prénoms
elle est rangée
par le hasard
de ma main
verte
parfois
qui trouve le bon livre
au bon moment
un peu de neige
quand il en manque
devant mes yeux
et qui traverse
la longue nuit d’un roman russe
beaucoup de silence
quand il en faut
après tant de mots
gaspillés ici
et là
et que mes oreilles refusent
elles préfèrent
se tendre aux bruits des pas
de la mésange
au bord d’une flaque d’eau
quand elle éclaire un poème chinois
ou japonais
ou breton
égaré
mais pas perdu
sur les étagères de ma bibliothèque
mal rangée.
Le Poids d’un nuage, Editions Bruno Doucey, 2017